J’ai visité un squat du boulevard du Roi Albert II

Les tentes du Petit Château ont disparu. Mais tous les demandeurs d'asile n'ont pas trouvé refuge. 

Je l'ai constaté de mes propres yeux au boulevard du Roi Albert II, en compagnie de quelques députés fédéraux et flamands.

Les quelque 70 occupants du squat sont enregistrés auprès de Fedasil. Mais l'abri de Fedasil - auquel ils ont pourtant droit - ils ne l'ont pas obtenu.

Je ne peux qu'en conclure que la Belgique gère mal ce dossier. 

Voici ce qu’on m'a dit aujourd'hui : « Fedasil a pris mon empreinte digitale. Mais à part cela, je ne sais pas ce qui se passe. Si j'avais su que je devrais passer 4 mois dans la rue, j'aurais continuer vers un autre pays. Et ce n'est plus possible maintenant. »

Tentes

N'ayant pas d'autre choix, les gens se débrouillent par eux-mêmes pour trouver de quoi se loger. Même si c'est dangereux ou primitif. 

Il suffit de penser aux tentes du Petit Château.

Le HUB humanitaire de Tour et Taxis l'a également remarqué, où l'on peut obtenir un repas ou une assistance juridique et prendre une douche. L'afflux de demandeurs d'asile y est important : 70 % du total.

Le HUB a été créé à la base pour les sans-abri.

Lorsque les tentes ont été enlevées, il est rapidement apparu qu'il n'y avait pas d'abri pour une quarantaine de personnes. Dans un premier temps, les demandeurs d'asile se sont rendus dans le bâtiment vacant de l'Allée du Kaai. Mais la police les a rapidement chassés du bâtiment.

Ils se sont alors enfuis et ont squatté l'immeuble deu boulevard du Roi Albert II. Entre-temps, cet immeuble est lui aussi placé sous haute surveillance policière. Les occupants y sont désormais enfermés. 

La solution de la Région face à ses limites 

La Région bruxelloise a libéré 70 places pour les demandeurs d'asile dans le centre d'hébergement d'urgence. Les personnes ne peuvent y rester que 28 jours. Ce délai empêche de nombreuses personnes de se rendre dans le centre d'hébergement d'urgence.

La sécurité liasse à désirer. Les faits le prouvent.

Mi-février, le squat de la rue des Palais a été évacué. Pour les personnes qui se sont retrouvées dans le centre d'hébergement d'urgence régional, la période de 28 jours a pris fin. Fini l'hébergement. Et ils n'ont plus nulle part où aller. Fedasil ne leur fournit pas d'abri. Elles sont de nouveau à la rue.

Il n'est pas surprenant que les personnes concernées ne veuillent pas se rendre au centre d'hébergement d'urgence. Après tout, où sont-elles censées aller après cette date limite ?

Revenez dans deux mois

Seul l'hébergement dans un centre permanent de Fedasil offre des perspectives. 

Les personnes hébergées par Fedasil reçoivent, après un certain temps, une carte orange qui leur permet de commencer à travailler et de gagner un revenu. Sans enregistrement officiel, c’est exclu. 

Ces demandeurs d'asile ne sont pas du tout des profiteurs. Ils veulent travailler et construire une vie.

L'enregistrement auprès de Fedasil est donc la première étape. Mais même cela ne se fait pas si facilement.

Lors du premier rendez-vous chez Fedasil, les empreintes digitales sont prélevées. La suite n'est pas claire. Comment un dossier est traité, quels sont les délais... Le demandeur d'asile ne reçoit aucune information.

Voici ce qu’on m'a dit aujourd'hui : « Fedasil a pris mon empreinte digitale. Mais à part cela, je ne sais pas ce qui se passe. Si j'avais su que je devrais passer 4 mois dans la rue, j'aurais continuer vers un autre pays. Et ce n'est plus possible maintenant. »

Après la prise des empreintes digitales, le message est généralement le suivant : « Revenez dans deux mois ». Mais que faire pendant ces deux mois ? Vous vous retrouvez à la rue. Et quand on revient après deux mois, il y a souvent un délai de deux mois. 

J'ai parlé à des personnes qui vivent dans la rue depuis quatre à six mois. Certains ont également séjourné dans la rue des Palais ou dans les tentes. Ils ont été renvoyés avec la promesse qu'ils pourraient aller dans un centre de Fedasil. Mais ce n'est pas le cas.

Le gouvernement fédéral conclut un accord migratoire

Le 8 mars, le gouvernement fédéral vient de conclure un accord migratoire. 

L’accueil structurel sera renforcé : 700 places via 600 conteneurs mis à disposition par l'Agence européenne pour l'asile. Il sera également interdit d'héberger des enfants dans les centres fermés.

Décision

L'accord fédéral vient d'être conclu. J'attends les résultats. 

Mais une chose est sûre : la manière dont nous avons géré cette question jusqu'à présent n'est pas bonne. L’échec est complet. Et Bruxelles en particulier en ressent les effets.

Je ressens de la méfiance de la part des bénévoles et des demandeurs d'asile. Comment pourrait-il en être autrement alors que l'État belge ne respecte même pas ses propres lois ?

C'est une crise. Et elle doit être résolue maintenant. Je ne cesse de le répéter.

Nous sommes un pays prospère. Nous ne pouvons pas abandonner les demandeurs d'asile.

Bruzz a publié un article (NL)

Attention : fin mars 2023, le squat de la rue Albert II sera à nouveau libéré. Les résidents ont été transférés dans un abri d'urgence temporaire, avec la promesse que Fedasil fournira un abri à plus long terme.